L'importance de la durée de mesure du bruit résiduel
La caractérisation des nuisances sonores environnementales fait appelle en droit français à la notion d'émergence. L'émergence acoustique correspond à la différence en décibel (ou dB) entre un niveau de bruit ambiant (bruit de l'environnement avec les nuisances sonores à caractériser) et un niveau de bruit résiduel (bruit normal de l'environnement sans les nuisances sonores à caractériser). Mais face à une sous-estimation ou une sur-estimation du niveau de bruit résiduel, c'est l'émergence sonore qui peut être faussée !
Quel risque à sur-estimer ou sous-estimer le niveau de bruit résiduel ?
Vous l'aurez compris, la quantification de l'émergence sonore va dépendre directement de deux types de mesures : la mesure du niveau de bruit ambiant (pilotée par les nuisances sonores que l'on cherche à évaluer) et le niveau de bruit résiduel de l'environnement. Or, si le niveau de bruit résiduel est sous-estimé, l'émergence sera sur-estimée. A contrario, si le niveau de bruit résiduel est sur-estimé, l'émergence sonore sera sous-estimée et possiblement inférieur au niveau réglementaire. Voir notre article comment mesurer les nuisances sonores du voisinage ? pour plus de détail sur la notion d'émergence.
Définition du niveau de bruit résiduel d'après NF S 31-010
La norme N FS 31-010 définit le bruit résiduel par les termes suivantes : « Bruit ambiant, en l'absence de (des) bruit(s) particulier(s) objet(s) de la requête considérée. Ce peut être par exemple, dans un logement, l'ensemble des bruits habituels provenant de l'extérieur et des bruits intérieurs correspondant à l'usage normal des locaux et équipements ». Cette définition est complétée par celle du bruit ambiant qui précise qu'il s'agit du « bruit total dans une situation donnée pendant un intervalle de temps donné ; il est composé de l'ensemble des bruits émis par toutes les sources proches et éloignées ».
De ces définitions il est essentiel de noter deux points clés : le niveau de bruit résiduel est un niveau de bruit qui intègre l'ensemble des sources sonores de l'environnement ; le niveau de bruit résiduel est toujours associé à un intervalle de temps particulier donné.
Les 2 points clés pour évaluer un niveau de bruit résiduel
En premier lieu, il s'agit de systématiquement procéder lors de la préparation des campagnes de mesurages à l'évaluation de toutes les sources sonores environnementales, c'est à dire de leurs types ainsi que de leurs durées d'occurrences. Cet inventaire est essentiel pour ne pas omettre de sources sonores susceptibles d'influencer le niveau de bruit résiduel. Si certaines sources sonores ne sont présentes que certains jours ou sur des périodes horaires particulières, il conviendra de procéder à une évaluation incluant ces jours et périodes horaires particulières.
En second lieu, le niveau de bruit résiduel doit être systématiquement mesuré sur des périodes longues et à minima sur 24h00 afin de disposer d'une évaluation par périodes horaires. Le niveau de bruit résiduel ne doit jamais correspondre à une valeur globale. Il s'agit toujours de différentes valeurs évolutives au cours de la journée (ou de la nuit) sur des intervalles de temps compris entre 30 minutes ou 1 heure.
Que faire si la mesure a été perturbée ?
Il arrive parfois que les mesures de bruit résiduels soient perturbées par des nuisances sonores inhabituelles (conversations, mise en marche exceptionnelle d'une machine). Dans ce cas précis, il est possible de recourir à l'utilisation des indices fractiles (voir notre article les indices fractiles pour évaluer le bruit dans l'environnement. A noter que les émergences calculées à partir d'indices fractiles le sont systématiquement à l'aide de deux indices fractiles de même nature. A ce titre l'annexe méthodologique de de l'arrêté du 23 janvier 1997 précise que : « Dans le cas où la différence entre LAeq (indice de bruit global) et L50 (indice de bruit fractile) est supérieure à 5 dB(A), on utilise comme indicateur d'émergence la différence entre les indices fractiles L50 calculée sur le bruit ambiant et le bruit résiduel » (voir site de l'INERIS).
Acoucibe est un cabinet d'expertise spécialisé en acoustique architecturale et environnementale. Fondé en 2015, Acoucibe apporte une compétence technique et scientifique dans la conception et la réalisation de projets où l'acoustique revêt un intérêt notable. Face aux enjeux et décisions, Acoucibe oriente les choix techniques de ses clients en leur permettant d'optimiser les coûts de conception dans le respect d'un haut niveau de confort acoustique.